L'olivier, la transhumance et le miel sont des fondements de la civilisation en Haute Provence. Parmi eux, lequel est le plus ancien ?
Mener les oliviers est travail d'artiste… La taille, si importante puisque l'arbre ne porte ses fruits que sur le bois neuf, prédispose à la rêverie…
À la Sainte Catherine, c'est-à-dire le 25 novembre, on dit que l'huile est dans l'olive. On va faire la cueillette…
Voilà le pays radieux qu'on domine. Il est également huilé de soleil léger, et glacé. Après le brouillard vient cette luminosité d'hiver où tout se dévoile…
Deux jours avant de porter les olives au moulin, on les entasse. Tout de suite, elles se mettent à fermenter…
Je fais des sacs de cinquante kilos en les mesurant soigneusement au boisseau. Puis, mon ami Brémond vient les chercher…
J'ai été habitué pendant toute ma jeunesse à considérer que le travail de l'huile exigeait de la force, de la patience et de l'art…
La pierre ronde, énorme bloc de deux mètres de haut et large de cinquante centimètres, roulait lentement au pas du cheval, toute ruisselante de jus marron et noir…
On remplissait à la pelle de bois les couffes de sparterie semblables à des bérets d'un mètre de diamètre avec la pulpe ruisselante dans laquelle la meule tournait. Ces bérets étaient empilés les uns sur les autres sous le plateau de la presse… Huit hommes nus armés de longue barres de bois plantaient ces barres dans les trous du moyeu et, tirant de toutes leurs forces, exprimaient l'huile…
Déjà, l'huile était comme de l'or…
Quatre hommes, exactement comme des diables et qui paraissaient même être en métal luisant tant ils étaient barbouillés d'huile, armés de grandes louches, cueillaient la "vierge" qui était montée à la surface de l'eau.Jean GIONO - Provence ( Gallimard)
carte